D’aucuns considèrent le Chant funèbre (1895), dédié « à la mémoire de mon père », comme le premier véritable chef-d’œuvre de Magnard.
Ses rapports avec son père étaient complexes. Le jeune Albéric rejeta sur son père la responsabilité de la mort de sa mère.
Pendant son enfance, leurs rapports étaient presque inexistants. Jeune homme, Magnard refusa toujours de profiter des facilités qu’aurait pu lui donner la puissante situation sociale du directeur du Figaro.
Son attitude s’explique bien sûr par la très haute idée qu’il avait de l’indépendance de l’artiste, mais aussi, probablement, par des facteurs beaucoup plus personnels.
Malgré tous les conflits qu’ils eurent, Magnard fut ébranlé par la mort de son père : « Il m’a fallu le perdre pour comprendre à quel point il m’était cher. » (lettre à Émile Cordonnier).
Il interrompit son travail en cours pour lui consacrer cette oeuvre d’une quinzaine de minutes, ample mouvement lent très émouvant de simplicité et de sincérité.